Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Enza Fragola
26 mars 2020

Wikipedrag #2 - Lewis Raclette

Ce second Wikipedrag date encore de l'année dernière. il a été revu et actualisé à postériori, mais le principal reste dans le contexte originel. Cette fois, je m'étais rendue dans mon bar préféré du marais : Les Souffleurs. Les mercredis soirs y étaient consacrés à la King Factory. La factory a maintenant déménagé à la Mutinerie.
Cette scéne, organisée par Jésus la Vidange et Thomas Ochcio, est un mélange d'ateliers, de scène ouverte et de blind test où les drags kings y sont célébrés.
 

Après un show torride dans la cave bondée des Souffleurs, c'est Lewis Raclette qui m'a rejoint à l'extérieur pour reprendre son souffle.

 


Photo par Marilou Mc Kenzie

Enza Fragola - " Bonjour Lewis, tu es encore tout chaud de ta performance.
Lewis Raclette - Plein de sueurs et d'envies !

E.F. - Vraiment torride cette cave ! Dis-moi, pour commencer, je suis un peu curieuse de ton drag name, pourquoi Lewis Raclette ?

Lewis -  Tout d'abord je suis franco-anglais, je voulais conserver cette consonance. 
Ma colocataire (Ambroise) m'a aidé à trouvé un prénom british, Lewis, qui fait référence à Lewis Carroll, l'auteur d'Alice aux pays des merveilles, une oeuvre qui me tient à coeur. 
Je voulais une deuxième partie française, et j'ai pensé directement à Raclette tout d'abord parce que la sonorité vient casser le côté joli de "Lewis" et que j'ai été un grand fan de fromage. J'aime ce contraste entre le côté classe de Lewis et le côté un peu cartoon de la Raclette, histoire de ne pas se prendre au sérieux.

 

 


 

E.F. - J'aime demander aux gentes de décrire leur drag en 3 hashtags, c'est pas un exercice évident. 
Lewis - Je ne suis pas très réseaux sociaux à la base, je mettais souvent #babydragking, #dragking, j'ai un instagram juste pour avoir un portefolio (@lewisraclette), je n'utilise pas souvent les hashtags.
E.F. - Mais il joue bien son rôle, je t'ai contacté car j'ai vu ton nom plusieurs fois, et j'ai check ton insta. Plusieurs pistes pour t'aider : certain.e.s parlent de leur esthétique, de leur concept/message, ou de leur performance. 
Lewis - Je suis plus dans les 2 derniers, j'ai envie de m'éclater sur scène, j'aime que ce soit #Imagé et visuel. 
E.F. - d'où le côté cartoon que tu citais précédemment
Lewis - Je ne danse pas (encore) mais j'aime #RaconterUneHistoire dans mes performances. Avec des gags, des choses simples mais dont je sais qu'ielles fonctionnent et pour que ce soit pertinent et que tout le monde puisse comprendre.
E.F. - J'ai déjà vu des performeur.ses qui se basent sur des mix pour raconter une histoire. Ils font des mix en plusieurs section.
Lewis - J'ai pas encore fait ça. C'est ma 4ème perf et mon 2nd numéro. 
E.F. - Pour une 4ème perf, c'est vraiment chouette
Lewis - Pour le moment, je ne me concentre pas sur le mix. Je prends des chansons qui me font vraiment kiffer, et j'y met l'intention que je désire.
E.F. - C'est l'important. 
E.F. - Autre question classique : Qu'est ce que le drag pour toi ?
Lewis - La liberteyyyyy
E.F. - Yeaaah ! Qu'est que tu y trouves, qu'est qui te plais dans le king ?
Lewis - Déjà "Fuck le genre", c'est un plaisir personnel, on mélange tout le monde. 
E.F. - Cette réponse a une vibe Queer. 
Lewis - On peut voir de tout et n'importe quoi, mais dans le bon sens du terme.
E.F. - "Abolir les conventions de genre".
Lewis - Story of my life. (*rires*). Pour moi, c'est la liberté d'exprimer cette personnification masculine parce que j'ai besoin un peu d'exploser. Ça fait plus d'un an que j'explore cette facette de moi et je me kiffe là dedans.

 E.F. - Ca fait un moment, que j'observe la scène drag et notamment drag king, au travers des dragendas. Cette année, il y a un boom. Il y avait avant et toujours la Drag My King, maintenant il y a la King Factory, Mamita parle aussi de mettre en place un Dragathon King. Et par ce foisonnement, j'ai l'impression de voir une plus grande variété dans le king. 
Lewis - Il y a plus d'occasions de montrer la diversité du king. J'aime quand les kings vont loin dans le personnage, mettent d'autres couleurs. Pour le moment, j'ai que deux numéros, où je suis en chemise mais j'ai envie de tendre vers du multicolore, partir un peu plus loin dans la caractérisation.
E.F. - On reviendra après aux références, mais quand tu me parles de couleurs, je pense à Landon Cider (@landoncider) qui est très coloré et dans une caractérisation forte de ses personnages. 

E.F. - Si je suis ma fiche, la question suivante est "Comment en es-tu venu au Drag ?" Quel a été le déclencheur ? 
Lewis - En premier un pétage de câble, car je vivais dans une vie très cishétéronormée, j'ai décidé de m'ouvrir à la vie LGBT. En juin dernier, je suis tombé littéralement sur un panneau marqué en gros L.G.B.T. quand je me suis approché j'ai lu atelier drag à Montreuil. Je crois que c'était qui devait l'animer d'ailleurs ?
E.F. - En effet, mais non, j'étais pas disponible à ces dates-là. Dans ce festival, j'avais fait une lecture pour enfants le mercredi et c'est Fred, qui était venu plusieurs fois aux ateliers Nique Ton Genre, qui a animé.
Lewis - On a fait du drag queen et un peu de drag king. On a mis du poil partout ! C'était une découverte. Je ne m'étais jamais maquillé donc je ressemblais à rien, mais j'avais une barbe et c'était super cool. Par la suite je me suis renseigné avec ma colocataire s'il existait d'autres événements. La king factory m'a intéressé par sa formule qui alterne scènes ouvertes et ateliers. La première fois, on était vraiment 5, et maintenant comme aujourd'hui, c'est bondé.

Photo par Marilou Mc Kenzie

E.F. - On arrive à la section terrrrrrible "Drag et Politique". As-tu des engagements, des messages dans tes perf ? 
Lewis - Aujourd'hui ma perf avait un message assez subtil anti-capitaliste. Je vais parfois avoir besoin de m'énerver pour dire des choses comme ça, ça dépend si je suis plutôt Lewis / plutôt Raclette, content / pas content.
E.F. - Qui est content : Lewis ou Raclette ahaha ?
Lewis - Tout dépend, les deux se confondent, mais ce soir Raclette était pas content.

E.F. - As-tu des inspirations, des références, des modèles ? ça m’intéresse d'avoir au moins 3 noms de performeur.se.s. 
Lewis - Un king que j'apprécie particulièrement et vers lequel j'aimerai bien tendre car il a un sex appeal de malade avec une prestance de ouf c'est Spickey van dykey (@spikey_van_dykey). Je vais dire toi, pour le côté "turn trash into gold" comme Alaska. Le côté littéralement "j'ai pris un truc sorti de la poubelle" comme dans ma perf juste là avant, et d'en faire quelque chose. Pour moi ça a du sens et je trouve ça très très cool.
E.F. - Merci beaucoup , mais je ne compte pas. Ahahah 
Lewis - Alors, je vais dire Jésus la vidange pour l'apparence scénique, le côté bon délire. Je ne sais pas comment le dire "l’honnêteté ou l'authenticité du moment". Et je vais dire mon pote Vamp Reznor (@irvikuva). Si tu le book, pense à prendre une bâche car il va y avoir du sang. J'aime que ces perf soient dark a.f, ça apporte quelque chose d'unique. Ca me rappelle un peu mon adolescence où j'étais métalleux. 

Photo par Jean Ranobrac

E.F. - Ma question suivante va porter sur les familles, les collectifs / house of drags. Quelque part, la factory c'est assez familial ?
Lewis - On est là pour produire des kings, encourager des kings donc on est soudés. C'est important qu'on représente la factory. On fait notre make up, chaque mercredi dans la cave, c'est assez familial. Et c'est la seule organisation à la quelle je me rattache.
E.F. - Pour finir, aurais-tu une anecdote, une perf dont tu es particulièrement fier, une histoire rigolote à partager ?
Lewis - En fait, la perf d'aujourd'hui, j'ai du mettre 5h à me préparer, j'ai eu les idées en 2 jours, ça prend pas mal de temps et je suis fier de l'avoir faite. 
Avec cette demie heure de discussion, la fraîcheur de la nuit nous rattrape. Lewis est en chemise grande ouverte, abdos apparents. Je le remercie de son temps, et le laisse regagner la cave pendant que je vais me chercher un planteur. Je vous invite à suivre son instagram @lewisraclette ainsi que celui de la king factory @kingsfactoryparis...
Vous pouvez l'écouter sur le site de Pagaille, dans la rediff de la discussion : "La place des femmes & des personnes non binaires dans les milieux LGBTI+" qui avait lieu le 7 Mars 2020 à la folie.
Photos 1 et 2 par Marilou Mc Kenzie et Photo 3 par Jean Ranobrac

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Enza Fragola
Publicité
Archives
Publicité